Because

« Because » est la deuxième création d’un diptyque consacré à nos rapports aux médias. Pour ce spectacle, j’ai voulu me pencher sur la parole des politiques, et notamment les allocutions retransmises. Rien dans cet exercice n’est laissé au hasard : le langage utilisé, le ton, la gestuelle, les codes vestimentaires, les métaphores choisies… Tout est travaillé à la virgule près. Personne ne leur fait face ou ne va les contredire pendant leur prise de parole, l’objet vise à persuader, convaincre.

En cela, l’exercice n’a rien à voir avec ce que l’on peut entendre dans des interviews, où certaines questions peuvent surprendre, les réactions être moins maîtrisées, les émotions prenant le pas sur une forme de raison qui leur est imputée, laissant alors échapper des remarques déplacées pouvant aller jusqu’à l’insulte.

Pour commencer, je vais m’appuyer sur les différents discours qui ont pu marquer les esprits comme par exemple « Mon ennemie c’est la finance » de François Hollande, « There is no alternative » de Margaret Thatcher ou plus récemment « Nous sommes en guerre » d’Emmanuel Macron. Si je ne cite ici que les « phrases choc », le travail sera bien de reprendre le discours dont est issu telle phrase et de remettre en perspective avec le contexte de l’époque, les effets que cela a pu avoir, les contradictions entre les paroles prononcées et les actes qui ont suivis ou les actions menées suite à ces prises de paroles.

Je m’appuie aussi sur des analyses du discours et de la rhétorique : les travaux de Pierre Bourdieu (« sur l’état » cours du 1er février 1990 au collège de france), l’émission « Rhinocéros » de Blast (plus centrée sur la question des médias que du discours politique), les analyses de Clément Viktorovitch ou encore le numéro « Trente ans d’étude des langages du politique (1980-2010) » de la revue « Mots. Les langages du politique ».

Tout cela nous servira de base de travail. Pour un travail sonore, cela pourrait être une bande son mélangeant différents extraits de discours de ces 70 dernières années, la re-création d’un discours fictif à partir de réels extraits de discours, la mise en comparaison de plusieurs discours pour mettre en valeur la redondance ou le paradoxe, ou encore une focalisation sur les discours d’Emmanuel Macron – qui est le premier exemple où j’ai pu voir opérer l’importance et l’influence de la communication en politique.

Nous plongerons aussi dans une approche à partir du sensible, chercher à traduire ce que ces mots provoquent comme émotions, comme sensations. Plonger dans les mots, les postures, les gestuelles, les absorber, se les approprier. Jouer avec le rythme contenu dans ces discours, s’emparer du dire autant que du mouvement. Chercher quel est notre rapport à ce type de discours. Je cherche ici à savoir où cela touche notre intimité, et comment le traduire par le corps.

Avec Alaïs Marzouvalian et Valentine Porteneuve, nous nous efforcerons à reconvoquer l’intime, trop souvent délié du politique. Partir des allocutions politiques, et retrouver le courage par le corps, les jeux. Le rire, les pleurs, la peur, l’espoir, c’est dans la chair. Tout change à chaque seconde, un visage ne ment pas. Nous tâcherons de (re)trouver le plaisir d’être en vie malgré tout.

Distribution

Equipe

Loan Le Dinh

chorégraphie, mise en scène

Valentine Porteneuve et Alaïs Marzouvalian

interprétation

Mathilde Montrignac

création lumière

Soutien

Théâtre Le Hangar (31)

Le Tracteur (31)

Centre culturel théâtre les Mazades (31)

Centre culturel Alban Minville (31)

Communauté de Communes Vallée du Lot et du Vignoble (46)

L’Arsénic (46)

Centre Au Brana (32)

L’escale (31)

Coproduction

Le Tracteur (31)

Ce projet est lauréat du Champ des possibles, et bénéficie d’un accompagnement par Le Tracteur, le théâtre du Grand-Rond, Marionnettissimo et le centre culturel théâtre les Mazades.

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